 Nuit du Blues de Cabannes Article publié sur 
Il est audacieux à quelques jours des premiers festivals de vouloir tenter sa propre aventure bluesistique. Sud Regards petite association cabannaise, cumule déjà une bonne connaissance de la culture « Bleu », grâce à ses projets passés. L’association tente cette année le coup d’une nuit entière dédiée au Blues, se tournant vers une programmation artistique du paysage Blues français à la hauteur de son budget, optant pour un choix plutôt élitiste, même si la programmation a connu quelques rebondissements de derni ères minutes aux choix cornéliens. Ainsi de nombreux artistes de qualité ont répondu présents : Marvellous Pig Noise, Jeff Zima et Classic And Troubles.
Pour une première année, le pari était donc osé : offrir en plus d’un nouvel événement Blues, une programmation éclectique, issue de la communion de partenaires et de bénévoles.
Un autre doute subsistait ! Les nombreuses autres manifestations Blues organisées aux 20 kms alentours, auraient elles pu inquiéter cette association ?
Sud Regards et son équipe infaillible de la réussite d’animation avaient tout prévu, même les agapes aux effluves de merguez-frites. La convivialité fût donc la carte maîtresse de nos amphitryons qui nous recevaient dans les murs ou plutôt, sur la piste des arènes de Cabannes. Mais ce soir pas de mise à mort, ni de raseteurs ! Les aficionados du Blues sont en ville !
Il fut donc de bon ton que nos hôtes ouvrent cette soirée par le légendaire et bien connu « Speech ». Le premier a se jeter dans la mare aux festivités, est ce sympathique et franchouillard personnage : Jacques Rousset, arpenteur du Rouge Gorge, mais aussi pour l’occasion de ce soir, fier représentant de la Commission de la Culture de Cabannes. Bien sur Mr le Maire, Gérard Vouland, se poste en deuxième position et s’installera plus tard derrière le bar. Non comme consommateur, mais plutôt comme vendeur/bénévole. Bravo Mr le Maire de votre initiative. Puis, la troisième place du podium revient au président de l’association Sud Regards, Antonio Amat, déjà moins habitué des discours en public, mais qui réussit son épreuve « haut la main ». Lui aussi habitué des concerts Blues vauclusiens, bien meilleur élève que son précédent confrère.
Le groupe régional à l’honneur est cette année Marvellous Pig Noise, venu de Montpellier, attirant toujours autant de monde. Le groupe devrait nous régaler en début d’année prochaine, d’un nouvel album, avec une majorité de compositions personnelles. Stop à l’actu et revenons plutôt à ce qui se passe sur scène. Pas de mauvaises surprises ! Marvellous est rôdé pour tourner à trois cent po ur cent. Rien à dire, rien à jeter, tout était parfait comme à son habitude. Humour, joutes vocales gospellisées, harmonies d’ensemble homogènes, une splendide cohésion de groupe... Alors qu’il ne semblerait pas facile de s’entendre à cinq sur des planches. Chacun des musiciens, se place, se déplace, offre sa participation, donne l’expression soliste à son instrument. La cohérence et l’unité sont toujours l’étendard du « merveilleux bruit du cochon », rappelons le ! Même si le leader vocal est toujours Pierre Citerne, chacun prend sa part de chant, idem pour le dernier arrivé Mike Lantrell. Tout coule naturellement de leurs plus beaux morceaux et de leurs meilleures interprétations, qui plus est aux détours d’un Robert Johnson ou d’un Révérend Gary Davis !
A la fin de cette première partie, le brasier est flamboyant, et le public ne cesse de l’attiser en remerciements aux artistes.
 Les changements de plateaux s’averrent un peu longuet, autant que chacun en profite donc comme une entracte, pour foncer au bar ou du côté du barbecue, pour rassasier pépère. D’autres en profiteront pour tchatcher avec les artistes. Rien ne se perd, tout se transforme et se partage !
Mais le feu du Blues brûlant dans le cœur et dans l’âme du public ne pouvait ainsi tarir !
C’est pourquoi un pyromane se devait d’arriver ! L’incendiaire Jeff Zima prend place sur scène.
Mais là, c’est une montée d’adrénaline dans chaque spectateur, une dose d’euphorie dans nos têtes et une part de surréalisme qui scintille déjà dans tous les regards de l’assemblée.
Jeff Zima éblouissant par sa guitare rafistolée et son vieil ampli Fender de vingt centimètres par vingt, un matériel qui va simultanément produire le son originel : « Zima’s Touch » !
Mais Jeff Zima n’en fini pas d’emporter la foule, avec ses coups de slide qui fusent sur les cordes, de morceaux médiums, de partie Boogie ou de Mambo endiablé reconfigurant un « Everyday I Have The Blues » épicé. Jeff Zima s’amuse, tire la langue, lève son pied droit, puis le gauche, grimace d’amusement, secoue ses babines comme un chameau avant de blatérer, il est très à l’aise et le public adore.
Stop ! Unepage publicité, pour le bar de l’association.
Jeff Zima repart dans son show burlesque à la Tex Avery que tout le monde affectionne et suit avec engouement.
Stop ! Une nouvelle page de publicité pour la brasserie choisie par Sud Regards.
Décidément Mister Zima, vous êtes autant impliqué qu’un véritable bénévole.
 Et c’est de nouveau reparti avec du Boogie, du Delta slidé à l’émerveillement, du Ragtime guitare comme de l’autre côté de l’atlantique, à la Nouvelle Orléans.
Jeff Zima est époustouflant de dextérité et d’aisance, mais aussi d’humour.
Qui n’a pas eu sa petite claque de frénésie ? Tiens toi tu ne l’as pas eu et toi non plus ! Jeff Zima ou le distributeur fou officiel de claques de la première Nuit du Blues de Cabannes. Comment peut il faire tout ça ! L’artiste accompagné du batteur métronome Michel Jirkoff et de Fred Jouglas à la contrebasse, invite d’abord Mike Lantrell au clavier, ensuite Pierre Citerne de Marvellous Pig Noise pour le premier bœuf jubilatoire de l’histoire de la Nuit du Blues de Cabannes.
Alors que Classic And Troubles, n’avait pas encore branché ses guitares et que minuit vint à sonner, une bonne partie du public a souhaité préférable de s’en retourner au foyer conjugal. Minuit ou la frontière de la surréalité, que peut-il bien se passer à cette heure ci… ?
Force est de reconnaître que Classic And Troubles n’est pas vraiment Blues, soyons indulgent le son est entraînant, dans des allures de tempo rapide faisant travailler les cervicales. A admirer l’assemblée réduite devant la scène, nous étions nombreux à avoir besoin de nous assouplir les muscles du cou. Christophe, le chanteur, Fabrice, le bassiste et David le batteur à la patte folle, ne sont pas là pour faire chichi-pompom ou pour broder de la dentelle.
Ils envoient un bon Blues Rock façon The Inmates/Dr Feelgood complètement débridé élevé au coton bio « Made in Blues ». Ces trois gaillards bien à l’aise sur scène, usent de l’espace des planches pour pousser de plus belle leur show, agissant comme des sales gosses avec leur « Rock’n Roll Attitude » ; le pied sur les retours de scène pour mieux s’imprégner de leur ouragan sonore ou se lançant dans de significatives mimiques. « Keep On Rockin’ ! ».
 Leur dernier album « Deadly Game » donne le ton de ce concert, parsemant aussi de quelques clins d’oeil à Lee Brilleaux, Wilko Johnson et peut être même les Dogs.
Comme aimait le dire Muddy Waters: « The Blues had a baby and he named Rock’n Roll ».
Malgré la concurrence des autres soirées, Sud Regards sautefièrement les deux pieds en avant dans le jardin des festivaliers Blues régionaux et honore majestueusement Cabannes du blason du Blues. Bravo !
Il est aussi de mon devoir au nom du public de remercier l’association Sud Regards, la commission municipale de la culture de Cabannes, Mr le Maire et tous les bénévoles qui ont œuvré en confiance pour ce nouvel élan Blues.
Allez courage “Sud Regards”, cette première édition fut très bonne, nous en attendons donc autant l’année prochaine.
David
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